On n’y pense rarement quand on navigue sur le Web, mais l’activité numérique pollue. C’est un sujet d’autant plus important pour moi et les individus travaillant avec le numérique, car nous passons près de 7 heures par jour, si ce n’est plus, devant notre ordinateur, à solliciter des serveurs gourmands en ressources. Sans quitter notre chaise, nous sollicitons de l’énergie pour :
- Alimenter le poste de travail en électricité
- Envoyer et recevoir des données depuis les serveurs que nous sollicitons au fil de notre navigation
- Utiliser des services en ligne
- Refroidir les infrastructures afin d’assurer un service pérenne
- Et bien sûr : produire les supports numériques nous permettant de naviguer joyeusement sur la Toile !
Combien coûte en CO2 une journée de travail, avec tout ça ?
Comme je suis nul en maths, je me suis aidé de mon bon ami ChatGPT, et voici son estimation :
- Consommation d’un ordinateur : 19 g de CO₂ par jour (pour un portable).
- Services en ligne et data centers : 105 g de CO₂ par jour.
- Fabrication de l’appareil : 110 g de CO₂ par jour.
- Refroidissement et transmission : 10 g de CO₂ par jour.
- Total journalier : ≈ 244 g de CO₂ par jour.
D’accord… Mais à quoi cela correspond ?
La production de CO2 pour une journée de travail sur un ordinateur équivaut à 1,2 km en voiture avec un véhicule émettant 200 g de CO₂/km ou l’émission d’un petit sac plastique produit et utilisé.
Alors, bonne nouvelle pour moi, je marche 90% du temps et le reste, j’utilise le train ou le métro. Cela allège un petit peu ma culpabilité, mais toutefois, cela ne me fait pas plaisir de savoir que je produis 1 sac plastique par jour, voire plus, à cause de ma consommation Internet.
En multipliant ces chiffres par des millions d’utilisateurs, on comprend pourquoi l’industrie numérique représente aujourd’hui près de 3 à 4 % des émissions mondiales de CO₂, un chiffre qui dépasse celui du secteur aérien !
C’est la raison pour laquelle j’ai pris la décision d’être bien plus attentif à l’impact des sites WordPress que je développe. Bien sûr, tout n’est pas parfait, et je ne pourrais jamais réduire à zéro mon empreinte carbone, mais je pense que la minimiser autant que possible est déjà un premier pas. Un pas auquel nous pouvons tous contribuer.
Dans cet article, je vous explique mes choix techniques pour un site WordPress plus écologique. Je vais vous proposer également un outil très pertinent pour mesurer l’impact de votre site web à chacun de ses chargements.
Un retour aux sources, ou pourquoi je n’utilise pas de constructeurs de thèmes comme Divi ou Elementor
Si vous vous intéressez un petit peu à WordPress, vous devez forcément connaître Divi ou Elementor. Pour vous rafraîchir la mémoire, il s’agit de ce qu’on appelle des constructeurs de thèmes. Ce sont des extensions puissantes qui vous permettent de rendre la création de vos pages plus intuitive, plus visuelles, proche du WYSIWYG (What You See Is What You Get / Ce que vous voyez est ce que vous aurez) qui existe déjà depuis des années pour la mise en page de texte sur les forums, par exemple, ou même dans certains formulaires de contact qu’on peut trouver sur les sites Internet.
Ces moteurs ont un panel d’outils intégrés qui permettent de produire des animations, faciliter la création de formulaires, de menus, d’entête, de pied de page, créer des styles et manipuler avec une plus grande finesse chaque élément de votre page, tout en contrôlant sans coder le responsive design, l’affichage sur tablette et mobile.
Je ne vais pas dire le contraire : ce sont des outils extraordinairement utiles pour la conception rapide de sites WordPress. Mais est-ce qu’il sont absolument pertinent avec les dernières versions de WordPress ?
Je me permets un avis tranché : Non.
Comparons un site WordPress que je sais développé avec Divi, et un autre que je sais avoir conservé le système Gutenberg natif à WordPress :
La différence est nette. En un an, pour 1000 pages vues par mois, le site sous Divi va produire 4.76kg de CO2, soit l’équivalent de 19,5 de nos sacs plastiques virtuels. Il faudra un arbre entier pour absorber cette quantité de CO2, et il aura besoin d’une année entière. Mon site, lui, produira de son côté 0.42kg de CO2. Cela représente environ 1,7 sacs plastique pour la même période !
Bien sûr, le constructeur de thèmes n’est pas l’unique fautif. Il faut prendre en compte les images, leur nombre, leur taille la façon dont elles ont été optimisées. Mais les constructeurs de thèmes ont la fâcheuse manie de produire énormément de feuilles de styles et de javascript supplémentaires, qui vont surcharger les pages parfois inutilement. Si l’on ajoute à cet impact celui des extensions WordPress, on court très vite le risque de multiplier l’empreinte carbone, de ralentir les performances du site, et de ne plus s’en sortir au moment de l’optimisation.
Ma recommandation écoresponsable : Utilisez Gutenberg pour éditer vos articles et vos pages WordPress
Avec WordPress 6.7, je ne trouve pas de raison pertinente pour évincer Gutenberg au profit d’un constructeur de thème comme Divi ou Elementor. Je ne vais probablement pas me faire des amis en le disant, mais je pense que cela peut vite apporter plus de problèmes de performances, et donc de pollution, qu’autre chose, en plus des bugs usuels que j’ai couramment expérimenté avec Divi en particulier.
De la même façon, j’avais coutume d’utiliser Toolset pour construire des sites plus dynamiques et personnalisés dans des contextes précis, mais je reviens aujourd’hui de cette pratique. J’ai constaté une chute de performances énorme entre un site avec ce constructeur et un site sans. C’est la raison pour laquelle je m’astreins désormais à Gutenberg, largement performant avec la version 6+ de WordPress, et le thème Astra, avec l’extension Spectra pour enrichir les blocs et la personnalisation du thème.
Votre hébergeur a un impact lui aussi : Choisissez le écoresponsable !
Si vous avez consulté mes précédents articles ou que vous êtes l’un de mes clients, vous le savez : j’ai choisi Hostinger comme hébergeur pour mon site et des sites que j’héberge. Mon choix n’est pas anodin. J’ai testé un certains nombre d’hébergeur pendant ma carrière, et c’est définitivement celui qui coche le plus de cases vis-à-vis de ce que je recherche chez un hébergeur :
J’étais avant cela sur Infomaniak, réputé pour ses efforts en matière d’écoresponsabilité, mais je dois reconnaître qu’il n’a pas d’aussi bonnes performances qu’Hostinger et j’ai été souvent confronté à des problèmes de lenteur au chargement de mes sites. Par ailleurs, Hostinger intègre tout un tas d’outils pour améliorer les performances de votre site WordPress afin de le rendre encore plus léger !
Optimisez vos images !
Ah, les images ! C’est toujours le grand problème lorsqu’on souhaite les intégrer à une page web. Si l’IA est parvenue à partiellement résoudre les problèmes de résolution trop basse, quand nous nous retrouvons avec une version trop petite de notre image, il reste le cas encore plus embêtant des images trop grandes.
Parce que les images trop grandes, elles, ont un impact visible sur votre site Internet ! Il en va de même pour le mauvais choix de format !
Tailles maximum conseillées :
- Images pleine largeur (bannières, fonds) : entre 1200 et 1920 px de large, selon la résolution et les écrans ciblés.
- Images de contenu (photos dans les articles) : environ 800 à 1200 px de large, selon leur importance visuelle et leur niveau de détail.
- Miniatures (thumbnails) : entre 150 et 300 px de large, pour garantir une bonne visibilité sans alourdir le chargement.
- Icônes et éléments graphiques : souvent en 100 à 250 px de large, ou encore plus petit pour les icônes simples.
Conseil : Limiter la taille en pixels permet de réduire le poids en Ko. Combinez cela avec la compression WebP pour un résultat optimal.
Le format .webP, le format idéal pour le Web
Le format .webP est le format idéal pour une image bien optimisée, légère et de qualité. Je vous suggère vivement de convertir vos images jpeg, png et autres en webP. Si vous ne possédez pas de logiciel de traitement d’image, je vous conseille le convertisseur d’images convertio, rapide et efficace.
Si vous préférez un logiciel, Affinity Photo est un excellent compromis pour éviter Adobe, trop onéreux et aux pratiques commerciales douteuses à propos du droit d’auteur. Vous pouvez profiter d’une version d’essai gratuite de 6 mois, ce qui n’est pas négligeable !
Vous avez chargé des images non optimisées sur votre site WP ? Optez pour un plugin !
Plutôt que de tout refaire à la main, la communauté WP propose des plugins très performants pour convertir automatiquement vos images jpeg, png et autres aux formats du web. La recommandation standard de PageSpeedInsights2 est PerformanceLab. Je vous conseille aussi l’excellent Imagify, qui a déjà de bonnes fonctionnalités en version gratuite pour vous aider à compresser vos images au format webP.
Chargez vos polices en local
Une autre astuce pour un site plus écologique, mais aussi plus performant : chargez vos polices en local. Aujourd’hui, nous utilisons majoritairement les fonts Google, et l’erreur est souvent commise de les charger en externe. Cela signifie que votre serveur est obligé de solliciter un autre serveur qui va lui renvoyer les données, plutôt qu’aller chercher à l’intérieur de sa propre structure. C’est de l’énergie de consommée pour rien.
Avec le thème Astra et son plugin complémentaire Spectra, il est très facile de :
- Charger les polices d’écriture en local
- Les précharger pour accélérer votre site WordPress
- N’autoriser que les polices d’écriture dont vous avez besoin pour économiser les ressources
Conclusion
Soyons honnête : transformer un site WordPress en site zéro carbone est impossible. Nous consommons forcément des données en chargeant les fichiers nécessaires à l’affichage de notre site web. Même une page ultra minimaliste, sans CMS, générerait de la pollution, même si minime comparé à un site WordPress mal optimisé.
En revanche, nous sommes responsables de ce que nous produisons. Il nous incombe de veiller à atténuer notre impact, d’autant que cela nous profite directement :
Un site WordPress écoresponsable est un site WordPress bien optimisé, plus rapide, plus efficace et agréable pour vos prospects. L’environnement vous en remerciera, et vos clients aussi !